Sahara

Intro


On raconte que le désert est habité par les Djiins (جِنّ), ces créatures mystiques et surnaturelles. On les contes parfois tel des ombres, glissants sur les dunes ou sous les pierres, en silence, à la tombée de la nuit, à la recherche d'une âme à vampiriser.

On les craints comme la soif qui tarie les voyageurs, comme le soleil qui brûle les rétines, là, où le rien prend toute sa dimension, là, où le temps et l'espace semblent distordus.

 

VERSION FRANCAISE

Macro Ondes


Sur la route de la côte, Maroc, toujours vers le sud depuis quelques jours. Plus j'avance plus le mot n'est plus juste une projection de mon esprit créée par les images qu'on a pu me donner. C'est vrai, on pourrait s'ennuyer, seul, statique, au milieu de ses grands riens où l'on raconte les paysages monotones. En fait, il en existe tellement de nuances qu'on a pas le temps de s'habituer et on est déjà dans un autre tableau. Tantôt sableux, tantôt rocailleux, il est parfois plat ou ondulé, "et puis c'est quoi ces petits trucs qui poussent là..." ?

Les nuits sont froides et les jours, ma foi... En réalité ce n'est pas tant la chaleur sous les couches de vêtements et le chèche qui est difficile à supporter. Ni même la lumière intense du soleil qui fait se brider les yeux les plus sombres, non. Aux pires heures on prend pleine conscience d'un autre facteur. Indépendant des indications du thermomètre ou du nombre de candelas qu’on se prend dans la tronche, il donne l’impression d’agir sur le cerveau comme un micro-ondes le ferait sur une poche d’eau. Même bien hydraté, alors que je pousse Mysty, je me souviens avoir titiller la démence comme on peut jouer à caresser une flamme paresseuse du bout des doigts. En fâcheuse conversation avec moi-même, je laisse volontairement le ton monter… curieux de voir où tout cela pourrait me mener. A la fois conscient de l'absurde de la situation mais aussi de plus en plus agacé par ces réponses systématiquement provocantes venant d'un étage supérieur … :

  • “ … Ça va, t'as fini ton monologue ? “

  • “ Non, j'ai encore plein de choses inutiles à raconter pour te faire perdre ton temps et ta patience. Pourquoi, tu vas faire quoi ? “

  • “Je propose qu'on en reste là, on a plus malin à faire là tout de suite, tu penses pas ? “

  • “ (chante fort et faux) LALALALAAAALALALALALAAAAA ! “

  • “ mais fermes-la quoi… tu me fatigues, vraiment.“

  • “ Ah ouais !?  Monsieur est fatigué ? Whoua, trop fort l'aventurier, je savais qu'il irait pas bien loin celui là ! Tu te dégonfles c'est ça !?

  • “ Tu veux bien arrêter de tout transformer s'il te plait ? “

  • “ MAIS TU VAS FAIRE QUOIIIII ?! “

Une grande droite s'est décrochée du poing moite mais habile de Timide, qui par sa victoire indiscutable sur Teigneux souille dans le même temps ce qu'il avait de plus précieux et de plus cher. Par le fait d'avoir succombé à cette violence trop évidente, Timide s'était en réalité offert à Teigneux qui jubilait, le regard exalté, la bouche grande ouverte, langue sortie, un long soupir étranglé en haut de la gorge. Il venait de lui offrir les pleins pouvoir sur mon âme… Il faut absolument que je m'arrête. MAINTENANT ! ICI !

Ce qui change aussi beaucoup avec les grandes étendues de rien c'est qu'il n'existe presque plus aucun repère ou distractions sur le bord de la route. Autant d'excellentes excuses qui d'ordinaire invitent à s'arrêter pour récupérer ou simplement se prélasser en s'imprégnant d'un verger, d'un arbre, son rocher gravé, sanctuaire… Alors qu’ici, frôlant l'asphalte qui ondule sous les brulures, dans l'attente du mirage qui n'arrive jamais, il est facile de dépasser le seuil raisonnable en roulant plus que ce que l'on aurait du.

Heureusement que le Vent est là. Bonjour Dieu, sois loué, merci d'être venu. Majoritairement dans mon sens et puissant depuis Laâyoune, il est aussi impitoyable et franc que le soleil, il décide si je dois souffrir. C'est lui qui donne les règles. Difficile, voire impossible d'échapper complètement à son infatigable courant. D'où vient toute cette puissance, qui seulement penserait à défier une telle force ?

Ça gratte...


Je l'appellerais Dimitri parce que je ne me souviens pas de son nom. De très loin je pense encore divaguer, plus près… C’est clairement un deux roues qui remonte le courant. Trop petit pour une moto. Une mob ? Impossible, ça fait longtemps que les derniers pêcheurs sont derrière, le prochain campement est trop loin pour ces petits styles de Solex. Merde… C'est un vélo ! Son ennemi du jour roule à mes coté, le vent est d'une telle force que je dois bien faire du 25km/h en poussant à peine. On s’arrête à la même hauteur, la bande noire du goudron de la route nous sépare, comme posée sur ce décor blanc stérile où personne d'autre que nous, les pierres et les fourmis argentées ne pourront relater cette rencontre. Je suis subjugué... Nous restons quelques instants, comme ça, le sourire honnête et pur de ces grands enfants qui se sont un jour jurés de ne rien faire comme les autres.

Il traverse, il n'est pas bien grand, plutôt maigre. Poivre et sel court, visage et crâne découvert, pas rasé depuis au moins la dernière fois. Les trous et creux de sa figure écaillée de brûlures rappellent l'état des sacoches de voyage, accrochées à son vieux vélo. Le regard aussi vif que les fouets des caravaniers, il inspecte la charrette, puis la voile, puis les patins. Exalté il est, pas fou, c'est facile à voir. Aucun de nos dialectes respectifs ne nous permettent de communiquer clairement grâce aux mots. Il est manifestement Polonais. Il explique qu'il revient de la frontière Mauritanienne à quelques 500km d'ici où il avait été refoulé pour ne pas avoir pu payer le visa d'entrée. Depuis, il remonte le vent, remonte le temps, il insulte la logique primaire des forces naturelles parce que Dieu l'a voulu, parce qu'il a accepté d'être son serviteur. Les professions de foi ne sont jamais raisonnables pour ceux-là. Va savoir où il partait. Le savait-il lui même ? Est-ce important ?

Le sable est partout.

Après Laayoune je me trouve pour de bon dans le Sahara. J'y rencontre un peuple nouveau, les Saharaouis. Sur le papier des cartes, ils sont bien marocains car le territoire à été annexé depuis la fin de la domination espagnole en 1975. Je mets un peu de temps à réaliser la sensibilité du sujet.

De grandes souffrances humaines transpirent sur cette terre de trésors, cette terre de richesses, aussi bien terrestres que marines. L'or des sultans semble une fois encore avoir eu raison, pour un temps certainement, de la bravoure des grands hommes et chefs de tribus qui jadis, on raconte, surent mettre à l'amende toute une armée.

Alors que bien des Saharaouis, tels les enfants durs et sauvages du sable d'or et des lunes d'argent, vivent toujours de grandes tentes encensées et de chameaux marqués au fer, le Maroc semble fermement ancré dans la zone. Surtout après la péninsule de Dakhla, jusqu'à la frontière Mauritanienne. On croise ici et là des villages de colons et des bases, des familles de militaires y persistent et assurent la souveraineté d'un Royaume rigide sur la question.

Domination silencieusement contestée dans ces points de rencontres presque secrets où les ombres sous les lampes à huile rappellent l’atmosphère des repères à pirates au nord, brumeuse et mystique. Toutefois les musiques et sombres turbans, comme teintant la nuit d'une note de khôl, nous ramèneraient plutôt dans ces contes nocturnes que l'on a arrêté de compter.

Caché derriere ce panneau en bois, c'est le seul point de ravitaillement à 50km à la ronde, il est temps de dormir, depuis longtemps.


La porte du désert

Intro


Enfin fini avec cette histoire d'Atlas, force est de constater que je n'aime pas plus ça aujourd'hui qu'à l'école primaire.. Vers le bled de Tantan ça commence à être plus plat. C'est à une vingtaine kilomètres qu'on trouve El Ouatia, petite station balnéaire. En ce moment c'est la basse saison.

 

C'est là, après 3 mois de route, 2500 kilomètre et la moitié du voyage qu'une vraie pause se propose d'une belle façon. Je resterais 3 semaines dans ce village côtier à mener une vie de retraite prématurée et bien heureuse en compagnie de ce qu'on appelle ici un Djinn.

 

Cette escale est vraiment tombée à pic en terme de climat, une grosse dépression s'était étendu au large de l'atlantique... Une vraie opportunité pour se reposer correctement, bien manger et apporter de précieuses amélioration sur Mysty.

Ça gratte...


Je sais qu'il faut que je fasse gaffe, je me suis beaucoup reposé ces derniers temps. Il m'est déjà beaucoup arrivé de brûler toutes mes forces après deux ou trois jours par mauvaise gestion de mon énergie. Il est temps de reprendre un rythme de croisière.

 

Sur cette côte à falaise longée par l'unique route, je découvre des paysages qui me rappellent mes recherches d'itinéraires et les récits d'autres voyageurs... C'est très beau. Jamais été voir celle de ma propre région, en Normandie, mais ça doit être au moins aussi bien, en moins froid certainement.

 

Au jour 1 de la reprise je croise brièvement un couple de vélo, un belgo/marocain et sa chérie chinoise. On ne restera pas ensemble ce jour là, j'ai besoin de tracer un peu la route... Je les laisseraient derrière.

 

Les nuits sur la côte et même à quelque kilomètres dans le terres sont froides. Une dizaine de dégrée et le taux d'humidité y est incroyablement élevé et ce, a partir du couché du soleil. L'une des améliorations dont Mysty à profité pendant ces trois semaines consiste à la création d'un espace isolé en dessous grâce à une bâche et la voile. Ainsi, toujours pas de tente mais presque le même confort sans avoir à dormir séparé de ma fidèle compagne... Même en dormant à coté il m'arrive de me réveiller en panique après un cauchemars où on me l'aurait tirée pendant mon sommeil.

 

Je passe une nuit proche des pêcheurs avec leurs minuscules cabanes en recyclé qui épouse la falaise, presque camouflées. Et une autre proche des militaires, dans des petites maisons en parpaings, ils sont là pour prévenir les trafics de la contrebande et l’immigration vers les îles Canaries.

 

Je retrouve mes deux cyclistes 150 kilomètres plus loin deux jours plus tard donc, par hasard à l'unique station service de la route. On décide de faire les dernières 40 bornes qui nous séparent de Tarfaya ensemble avec un fabuleux vent de dos... Arrivé sur place à la nuit tombée ils commencent à chercher un hôtel. Je propose un deal à Sami pour "biaiser" cette règle de 0 budget logement qui ce soir ,une fois de plus, s'avère bien contraignante : ils payeront ma nuit et je payerais le dîner... Ça marche.

 

Le lendemain matin nos chemins se séparent encore, ils préférerons la route de la côte à la nationale pour rejoindre Laâyoune (cette fois-ci on peut choisir !). Ma décision de continué par les terres est largement influencée par les renseignements que je décroche à droite et à gauche quant à l'état de la voie côtière.

 

Il s'avérera que la moitié de la National 1 (bien que meilleure que l'autre chemin) est dans un état disons... douloureux, surtout quand il s'agit de l'arpenter à roller. Pour ma chance j'ai tout de même le vent avec moi et merci mon Dieu, c'est vraiment pas du luxe. Les voies entre Guelmim (une autre ville plus au Nord) et Laâyoune sera complêtement refaite dans deux ans, on pourra faire la traversée pied nus sans craindre de se rayer les talons. Pour l'heure c'est un peu compliqué, certains tronçon sont neufs et glissent comme sur une piste de vitesse, d'autres me font passer les pires heures de ma vie de patineur... Même équipé en 150mm le grain de la route est tellement épais que ça me détruit les pieds et les genoux. La route est tellement éclatée que je suis plus à l'aise sur les voies en travaux où le sable compacté, bien qu'absorbant beaucoup l'effort reste un moindre mal.

 

J'atteins Laâyoune un peu fatigué de ce tronçon compliqué et tente de laisser passer ce sentiment d'anxiété vis à vis de la continuité de ma route que l'on m'annonce de plus en plus difficile. Pour l'heure je peux à nouveau me détendre, je retrouve de nouveaux amis.

Extrême Omar et la Famille


Omar m'a trouvé sur internet, lui même rider de son état il à vu passer l'histoire du voyage sur la toile et a décidé de m'aider. Ça fait quelques jours que l'on s'écrit à mesure que je me rapproche de sa localité. Il dit pouvoir nous loger, moi et Mysty.

 

On se retrouve à l'entrée de la ville, il me ramène directement à la maison. Une fois la charrette garée je rencontre Mama et 4 des frères d'Omar. C'est une très jolie petite maison où règne une belle atmosphère, malgré l'épisode difficile que traverse Walid, l'un des grands frère, il ne peut pas se lever pour me saluer, son père à ses coté. Il était allé voir une guérisseuse pour soigné de vilaines douleurs à au ventre. La femme lui aurait préconiser un traitement qui lui a fini l'estomac, avec ses dernières forces il était retourné la trouver pour lui demander des comptes, elle lui a alors diagnostiqué une mort imminente en mesurant ses doigts et ses avants bras à l'aide d'une corde pour le dédommager certainement ... Il souffre et semble terrifié.

 

Omar s'est mis au roller il y a seulement 2 ans et il a déjà remporté plusieurs titres nationaux, il fait la fierté de l'association Extrême Laâyoune dont il fait partit. Il n'est pas le seul talent de la petite structure qui du haut de ses 4 années d’existence peut déjà vanté pas mal de belle victoire. Il faut dire qu'ils ont mis le mis le paquet ici, la ville compte 3 skates parc et Najib, le président d’Extrême est le mentor idéal pour ces jeunes en quête d'accomplissement.

 

Mon passage est l'opportunité de mettre un peu la lumière sur leurs activités, la télé locale est dépêchée pour l'occasion. J'aurais jamais pensé pouvoir un jour répondre à une interview en arabe... Non, en fait j'ai juste récité le petit speech que j'ai bien huilé depuis le début du trip, rien de plus. Avec Omar on se fera aussi une session vidéo un matin, on éditera le montage pour son portfolio de rider, ça lui servira certainement.

La bande à Zinzin


On s'était écrit vite fait avec Sami, le cycliste. J'ai su qu'ils avaient essuyé un très mauvais vent avec sa chérie mais qu'ils seraient certainement en ville dans la soirée... Rien de plus.

 

Le premier soir où j'arrive, après avoir salué toute la famille, Omar crève d'envie de me montrer le skate parc. On est en chemin lorsque sur un carrefour, on croise la route des deux voyageurs à vélos tout à fait par hasard. Quelle synchro, quand on sait que Laâyoune compte pas moins de 220 000 âmes ! Ils sont crevés, on prevois de se voir plus longuement demain pour un escapade dans les dunes à la sortie de la ville.

 

Après la visite du skate-parc et la session glisse avec les enfants c'est exactement à ce même carrefour qu'on s'installera pour dîner une belle omelette berbère. Alors qu'on commence tout juste à manger, une moto déboule de nul part et s'arrête juste devant notre table que l'on partage avec des membre d'Extrême Laâyoune. C'est visiblement un voyageur, on dirait un pirate de l'espace sortit tout droit des étoiles, errant entre les galaxies depuis des millénaires... Enthousiaste de rencontrer un autre original je suis déjà debout pour le saluer. Ses yeux sous sa visière et le drapeau déchiré derrière son bolide m'indique qu'il nous vient du pays du soleil levant. Il à bien deux fois mon age, portant sa main vers sa bouche, les doigts tendus et groupés, je réalise qu'il me demande si il peut manger avec nous... Il a faim.

 

S'installe alors à ma gauche un personnage tout à fait extraordinaire... Chen Luang Quan.

 

 

Pour faire court, il voyage le monde à moto depuis 15 ans, il a traversé 109 pays et voyage visiblement avec un budget très serré. Son voyage il a décidé de le dédier à la paix entre les Hommes et les peuples. Il porte avec lui un long drap enroulé qui sert à recueillir la paix du monde. Je le connecte directement avec Lorin et Sami, les cyclistes recroisés quelques heures avant au même endroit, elle est aussi chinoise (croyez-moi, ça cours vraiment pas les rues par ici).

On se retrouvera donc tous le lendemain devant l'église espagnole. On forme vraiment une équipe de choc... Après nouveau repas partagé avec ce nouveau petit clan qui se forme on part faire un tour dans le désert tous ensemble. La configuration et pour le moins improbable, je trouve ça incroyablement beau et poétique. Je monterais sur la moto avec Chen alors que les cyclistes sont en vélo et Omar sur mes rollers.

 

Je foule, pour la première fois de ma vie, de vraies dunes. C'est un moment tout à fait exceptionnel pour moi. Un instant d'une très grande symbolique, la signature d'un accomplissement, le début d'une nouvelle aire.

 

Je suis ici, comme dans mon rêve, comme dans ce vieux rêve... La vie à fini par m'y amener. Entouré d'Omar, Lorin, Sami et Chen je sens, je sais, je suis, nous sommes, exactement, parfaitement.


Adoptez-moi

Intro


Le soleil commence à tomber et je ne sais pas encore où je vais passer la nuit. Pas toujours évident de laisser passer les petites vagues d'angoisses de ces fins de journées qui me paraissent parfois inhospitalière. Pourtant je sais qu'il faut que je me détende, la route me réserve toujours de belles histoire quand j'y arrive.

 

Je trace la route, c'est le meilleur moment pour faire des bornes. Le vents dans le dos, le soleil ne brûle plus et les températures sont devenues agréables. Le temps, moins pénible, rend aussi les passants plus avenants, plus souriants. Une force tranquille et vertueuse semble embaumer et adoucir les angles de ces endroits caressés par les couchés de soleil aux rayons bienveillants. Un souffle de douceur, un élans d'enthousiasme avant de laisser la place à la nuit, mystérieuse et bien souvent humide par ici.

Le gardien du champs


"Aller Joh, Encore UNE côte !" Courte mais ferme, elle me fini les mollets.

 

En haut, trois darons bavardaient, appuyés en ligne sur la glissière de sécurité. Ils m'accueillent en claquant des mains, le regard plein de questions... Lessivé mais sourriant, je m'arrête à leur niveau. Mes jambes ne fonctionnent plus de toute façon.

 

Mon petit discours de présentation du voyage en marocain commence tout juste à se construire à ce stade du voyage. Je ne peut cacher mon immense satisfaction quand on me comprend ! Je fais moins le malin quand arrivent les premières questions mais on arrive toujours à se débrouiller avec quelques mimes.

 

Quand vient la fameuse question :"tu dors où?" j'en profite pour expliquer que je cherche justement un endroit où pauser mon bivouac. Alors, après une petite concertation ils me font savoir que Oussien est le gardien du champ d'agrume de l'autre coté de la route. Il m'invite à y passer la nuit.

 

Une fois le campement installé le long d'une rangée de citroniers, Oussein à déjà préparé du thé sur un réchaud, je ramène mes provisions, l'un des gars du bord de la route à aussi du pain à mettre en commun, alors s'improvise un joyeux festin sur quelques morceaux de cartons. Je suis heureux de pouvoir partager un repas, ça fait longtemps que je mange seul. Et même si la barrière de la langue est bien là, je reste admiratif devant tous ces efforts qu'ils font pour me faire comprendre les chose et cette incroyable volonté d'échanger, le pain et les histoires !

 

 

Au départ je comprend que Oussein doit rentrer chez lui et qu'il repassera demain pour vérifier que le champs va bien, ou quelque chose comme ça...

 

En fait Oussein passe aussi la nuit sur place (bin oui jojo, c'est son travail au monsieur de garder le champs tu te souviens ?). Pour camper il utilise ces grosses couvertures du bled, très chaudes et confortables mais très volumineuses et lourdes. Pour moi côté plumar c'est la grosse loose ce soir là. Mon matelas est encore troué. Je fais un peu trop le malin en rebouchant une fuite dans le noir... Dommage, c'était pas le seul trou! Je suis au moins aussi crevé que le matelas, du coup que je m'apprête à passer la nuit sur mes vêtements en guise de lit de secours.

Je lui fait un peu de peine, Oussien me tend l'une de ses couverture et garde son manteau... Un vrai papa.

Ouled Ameur


Le matin dehors c'est au levé du jours avec les oiseaux. Après des nuits avec une rosée pareil on est content que le soleil arrive. L'envie d'une grasse mat' ne vient que loin derrière dans le classement des priorités.

 

Alors que l'on remballe notre barda respectif Oussien me répète à nouveau ce qu'il m'avait dit hier... Je comprend enfin qu'il m'invite à venir chez lui, à Ouled Ameur. C'est un village à quelque kilomètre de là, je le suivrais sur son vélo jusqu'à la piste vers le hameau.

 

Au bout du chemin de terre, déjà bien fréquenté à cette heure du matin, un petit havre de paix où le temps semble s'être arrêté il y à bien longtemps. Pas de voiture mais des charues, on croise au moins 5 bergers avec leur troupeaux et les jeunes hommes du village sont en route pour les champs. Seuls la ligne électrique, les casquettes, basquettes et les pneux des charues nous rappellent à notre siècle.

 

On est arrivé chez l'homme que l'on surnomme moustache par ici, comme on appelait son père avant lui. Il m'ouvre le portail et on met Mysty à l'abri dans la grande cours où tout se passe...

 

Je rencontre alors une très belle famille dans la maison d'Oussien. Sa femme, ses deux fils et leurs femmes et sa petite fille. Une douce et paisible note d'harmonie souffle dans mon coeur à mesure que je découvre les habitants de cette maison qui me traitent comme un prince.

 

Maman a déjà lavé mes vêtements quand je sors de la douche nature du jardin, on est à table l'instant d'après devant un fabuleux tajine au moins aussi grand que mon émotion. Difficile d'expliquer avec les mots juste la sensation que procure l'accueil aussi chaleureux de ces inconnus pourtant familiers qui me chuchotent déjà "si tu vas bien, je vais bien"  dans un divin sourire rempli d'amour, de confiance et de partage.

Le souk dans mon cœur 


Après manger je pars avec le grand fils pour le souk hebdomadaire à Ouled Jelloul. C'est grand, plus grand que ce que j'avais pensé. Autour, les ventes d'animaux, vaches, moutons, chèvres, quelques ânes et chevaux... c'est là qu'Oussien à vendu l'une de ses vaches dernièrement.

 

Toujours en périphérie on trouve les matériaux de construction où Ammad discute un prix pour ces 30 pieux en bois dont il à besoin pour construire sa propre maison, à Ouled Ameur. Après avoir organisé le transport et passé la mecanique pour redresser l'une de mes roues voilée, nous arrivons dans le cœur du souk. C'est là que nous ferons les achats pour la semaine. Difficile de déterminer l'etendu de l'endroit tellement c'est dense, les étales, le mondes, on ne voit qu'à quelque dizaine de mètres. De lourdes toiles de tissus sont tendus très basse au dessus de nos tête, elles laissent passer ci et là le soleil. Ses rayons brûlants font scintiller les poussières dorées de la terre sèche du sol de cette scène intemporelle. Aussi fines que les odeurs d'épices elle semblent faire partie de la grande danse qui à lieu ici toute les semaines depuis bien longtemps.

 

Je resterais tout juste une journée et une nuit dans la famille de Oussien. Je veux vraiment tracer la route. Oussien a préparé le cheval et le chariot pour me ramener jusqu'à la nationale, un départ en grande pompe ! Les embrassades sont fortes et sincères, c'est dingue mais je sens mon coeur se serrer dans ma poitrine. Je réalise combien rapidement et avec quelle intensité s'est installé mon attachement envers eux, je me sens tellement reconnaissant.

 

Je me sais aussi vraiment privilégié d'avoir croisé le chemin du gardien du champs ce soir là. Et béni, d'avoir été adopté par cette famille de lumière.


Vilain prêtre

Plus que les voies du seigneur, c’est dans la pratique bien ses portes d’églises qui me sont souvent impénétrables ces dernières années.

 

Mais c’est vrai que je fais preuve d’un « pas d’bol » particulier en ce qui concerne ce point, ça en deviendrait presque suspect…

 

Un peu de mal à rejoindre le troupeau petit ? 

 

Je suis probablement l’un des vecteur problématique de l’équation. Ou bien nous le sommes tous… Humains, imparfaits, faillibles, comme nos textes et nos lieux de cultes. Comme nos manière et nos croyances. A ce stade impossible de m’écarter de l’idée du divin, peu importe son nom, son essence m’a déjà suffisamment faite coucou pour que je continue de l’ignorer.

Mon analyse quant à ce rejet de l’église catholique que j’expérimente est comparable à l’histoire de ce garçon qui fait tout son possible pour plaire à cette fille, un peu maladroit… Aucune chance pour celui-là, il est trop dans l’attente d’un geste de sa part, la magie n’opèrera point. Et peu importe s’il s’agit de l’authentique Amour simple et sincère que le garçon puisse ressentir, elle est trop flattée pour le voir.

 

Pour ce qui est de la dernière péripétie en date, laissez moi vous conter l’histoire du vilain prêtre:

 

Alors que j’arrive à Mohammédia, à l’heure où le soleil a des compte à régler avec ce qui respire, je passe par hasard devant l’église saint Jacques. C’est l’une des nombreuses églises que compte le pays. J’y remarque la cours derrière les grilles gardées par deux policiers, elle offre un coin ombragé, idéal pour passer la pause de la mi-journée en toute quiétude.

Je demande si le prêtre est là, je compte tout de même lui demander l’autorisation même si j’aime penser que je suis toujours le bienvenu dans la maison du seigneur. « Il est partit à l’instant… Vous n’avez pas de chance ». J’attendrais.

Une heure plus tard environ, je me présente devant la porte ouverte mais grille fermée de l’annexe ou vit le prêtre, juste à côté de l’église. Je peux entrevoir l’intérieur de ce couloir d’entrée richement orné d’un tableau de la sainte vierge et de vieux meubles européens en bois précieux. Il s’en dégage une douce odeur de cuisine, j’imagine un plat en sauce mijoter sur les fourneaux …

Je suis présentable, moi-même et mes vêtements sommes propres de la veuille, je suis rasé et je n’ai pas encore oublié mon français.

Il fini par arriver : – » Bonjour mon père! » alors qu’un homme d’environ 65 ans, bedonnant s’approche de la grille qui nous sépare. -« Oui? ». J’explique mon voyage à travers le pays, à roller, « … avec cette charrette-là ». Il ne prend pas la peine de regarder. J’explique mon besoin de tranquillité et de repos pour seulement quelques heures à l’ombre des arbres de la cours, il valide, nonchalant, ma modeste requête. Il ne prendra pas la peine d’ouvrir la grille, ni ne posera de question.

Je chasse aussitôt ce petit sentiment de déception malvenu, m’ayant pour un instant imaginé partager un peu de temps avec un autre compatriote en exile. Ayant même juste une seconde rêvé goutter à ce plat mystérieux qui sentait si bon… Non mais ça va aller oui? Tu voulais pas 100 balles et un Mars aussi?!

Je reviens donc doucement sur terre,  éclairé par cette réponse, pour le moins sèche mais satisfaisante, à ma toute première préoccupation. Quelques heures de paix à la maison.

 

En me voyant préparer l’endroit, les policier du portail, visiblement perplexes, s’avancent pour en savoir plus. Je leur fait savoir que le prêtre est d’accord et barragouine avec mes rudiments d’arabe que je ne reste que quelques heures le temps de manger et de laisser descendre le soleil.

L’un d’eux part tout de même chercher le prêtre qui, cette fois-ci, nous fait l’honneur de sortir. -« Je ne le connais pas. Il ne reste pas. ». Je suis très surpris par le fait qu’il ne parle pas du tout l’arabe, la prononciation de ce mélodieux « choukran » final me le confirme. Puis il s’adresse à moi: -« J’ai beaucoup voyagé, le minimum c’est tout de même de se renseigner sur les usages et coutumes du pays quant on part à l’étranger! Vous ne pouvez pas rester là! ». A savoir que j’ai été accueilli à l’improviste au sein de deux familles marocaines qui ne me connaissait pas, et ce, quelque jours avant. Je suis complètement abasourdi… Sous le choc de ce qui est entrain de m’arriver.

 

Si si… Il sait très bien ce qu’il fait.

 

Je rétorque « Mais enfin mon père, je m’étais fait une joie de trouver la maison du seigneur si loin de chez nous. Je ne resterais ici que quelques heures, le temps que le soleil me permette de repartir. Vous avez autorité en cette paroisse et vous le savez, pourquoi ne leur dites-vous pas? ». Il annonce alors « Finissez de manger et partez! ». Il s’éloigne alors quand j’évoque le sens de l’accueil dont j’ai bénéficié depuis mon arrivée au pays et que je le questionne sur le bien fondé de ce qu’il est entrain de faire aux yeux de tout ce qu’il représente et de sa supposée responsabilité chrétienne. -« Gardez vos leçons de morales! » me lance-t-il alors, puis disparaît.

L’un des deux garde, qui visiblement a compris l’essentiel de la situation me regarde, un peu désolé, alors que l’autre se fait (littéralement) cirer les pompes. Je hausse les épaules en lui rendant un sourire et lui tend une datte. On arrive à discuter, il aime l’idée du voyage, j’apprends à dire le mot « datte ».

Après avoir parlé famille et boulot, il me fait alors comprendre que je peux rester, il faudra juste être discret… Trop tard pour moi, je me sent blessé, triste, plus profondément encore que dans mon amour propre. Je n’ai plus le cœur à partager le même espace que cet homme qui vit manifestement une période trouble au point d’en rejeter les siens en même temps que ses responsabilités.

 

Le jour passe, l’événement est digéré, désacralisé et surtout dédramatisé. Je fini sincèrement par penser que celui qui avait vraiment besoin d’aide dans cette histoire, c’était certainement ce petit monsieur triste, à Mohammedia.

 


La Peur

Toi même


C'est certainement la cause numéro 1 et non admise de la non réalisation des rêves de voyage pour les occidentaux, avant même l'excuse de l'argent. La peur de l'autre, cette maladie pourrie. Ce virus donné par des gens à d'autres gens...

 

 

En voulant bien faire, peut être. En voulant partager l'expérience, possiblement. En voulant se faire mousser d'avoir vu, certainement. Quoi qu'en soit la raison, on me déverse des fosses septiques entières de peur sur la tête depuis des mois, notamment par rapport au Maroc quand je fait référence à ma règle concernant le logement : budget 0.

 

 

Je crois revivre les efforts de découragement que je reçois pendant de ma traversée d'Amérique centrale en stop en approchant d'Honduras. Ou encore les "conseils" relatifs à  mes vagabondages dans le désert en Égypte. Je sais au fond que j'ai de loin la préparation pour apprécier un nouveau pays sans avoir la peur de l'autre, mais c'est inévitable, quand on me parle, j'écoute.

 

 

J'aime croire que la légitimité de mon intention de voyage et le libre arbitre des hommes et femmes que je croiserais feront bon ménage. Et c'est bien ce qui se passe, dès mon arrivée de l'autre côté du détroit. Le voyage n'en est pas moi difficile mais il est, une fois encore, déconcertant de constater à quel point on s'est laissé polluer par les peurs des autres...

 

 

Je suis très rapidement à l'aise et plus détendu, à croire que cette attitude d'ici m'est contagieuse. D'ailleurs, la différence de qualité d'accueil et de sympathie des marocains à mon égard par rapport aux espagnols est difficilement de comparable. Beaucoup de bonjour spontanés, d'encouragement, d'invitations même. Là où en Espagne il faut essuyer les regards méprisants plein air d'incompréhension et de peur la plupart du temps.

 

 

Si l'on écoute trop les conseils avisés de ceux qui n'arrivent pas à gérer leurs propres peurs, alors on s'imagine débarquer dans un pays où à chaque coin de rue vous attend une espèce de malade avec une lame pour vous déposséder de tout et peu être bien de votre vie au passage. Certe, comme partout, le risque zéro n'existe pas et des mésaventures peuvent aussi m'arriver. Qui n'a jamais pris aucun risque ? Qui n'a jamais eu de problème ? Et puis si on y pense, la rubrique des faits divers de nos sages compagnes hexagonales n'a certainement pas à être gênée, la France possède un excellent potentiel de créativité en terme d'insécurité.

 

 

Alors si je peux vous donner un conseil, pour le camping sauvage, ça sera celui de la première personne qui me donnera un avis décontracté vis à vis de cette pratique en Afrique du nord. Un monsieur d'une cinquantaine d'années en fauteuil roulant, il arpentait le pays de long en large depuis des années au volant de son camion. Son conseil est simple, il était fait déjà mes règles, comme pour beaucoup : "cherche ton bel endroit d'aujourd'hui avec enthousiasme, il t'est toujours accessible si tu y reste ouvert. Souri aux rencontres que la route te présente. Fais ceci, tu le trouvera ton endroit du jour, tu pourra t'y reposer en paix."

 

Et il a tellement raison, et je suis bien placé pour le savoir, quand je fais pas d'effort je passe de mauvais moments, comme toi ! Ça fait partit de notre éternel apprentissage.

 

Alors juste peut être un vrai conseil pratique, pour les nuit, soyez toujours hors des villes si vous campez.


Tarifpa ?

Je hâte d'atteindre le bout de l'Europe, a nouveau, au bord de la falaise, toi et l'horizon...

 

Sauter ou ne pas sauter? "Tu poses trop d'questions."

 

Le bras de mer qui sépare l'Europe et l'Afrique s'appelle bien le détroit de Gibraltar. Toutefois, contrairement à ce que j'ai longtemps pensé, la ville qui se trouve sur le détroit, côté espagnol, c'est en fait Tarifa et non Gibraltar, un peu plus au nord sur la côte. Tarifa c'est joli, une vielle ville bien conservée et une ambiance kitesurf/surf culture assez laid back, en apparence.

 

Je force un peu les deux derniers jours pour arriver dans la ville dans laquelle se termina le Spanish Trip, il y a déjà deux ans de cela.

 

C'est donc un peu sur les rotules mais enjoué que je retrouve Carole et son homme à Facinas pour un café. Ils m'avaient recueilli exténué après avoir essuyé un tempête. Je fini rapidement les quelques kilomètres qui me sépare de la pointe et m'écroule dans la Coloc de Claudia.

 

C'est alors que s'entame un curieux processus de création d'excuses fantômes. Certain pourrait y voir une ville démoniaque qui me retiendrait dans ses griffes pour m'empêcher de franchir le pas.

Comme il y deux ans, les événement surviennent les un après les autres... Entre la maladie et l'amour, chaque jour a son excuse, d'une légitimité indiscutable, pour pouvoir repousser, encore et encore, la date du grand Jour.

 

- C'est qu'il a peur le petit ! "Jsuis pu un Ptit!"

 

Oui, c'est la peur qui décide alors et met en place une puissante magie. Je suis même surpris de ne pas m'être planté à roller pendant mon séjour en ville. Cette peur c'est l'ado au fond de moi qui la cri, celui qui s'est construit sur les bases de se qu'il a entendu, celui qui s'est bâti un avis d'après les peurs des autres.

Bien que l'homme d'expérience que ce garçon ait pu devenir fasse de son mieux pour rassurer l'enfant incertain en lui racontant combien il est prêt : La peur, agissant comme un gangrène de l'esprit, est difficile à ignorer.

 

Alors l'enfant prie, il fait des caprice parce qu'il est incertain, contrarié de n'avoir personne qui lui tienne la main pour traversé la grand route.

 

"Tu es grand maintenant, tu verras tout est plus facile"

 

J'arrive tout de même à me déclencher une rage de dent comme je n'en avait pas eu depuis des années. Le dernier épisode de cette intensité remonte à la période où j'hésite à m'élancer sur la panaméricaine avec ma premier charrette Monkoa...

 

Je reste donc une bonne semaine à l'abri du vent, une semaine où j'attends le moment, patiemment...

Bastaaa ! Parfois il faut se faire un peu violence, je prend mon aller simple en ferry pour Tanger et je monte dedans.

 

"Tu vois, c'était pas si terrible finalement".


Gitane : poison d'amour

Prête à tout


J'avais déjà pas mal continué ma route vers le sud après Cordoba quand je m'arrête dans la ville de Arcos de la frontera.

 

Une très bonne surprise sur la route que celle-ci! Alors que j'arpente le cœur de la ville après avoir récupéré le précieux colis Powerslide qui m'attendais dans un point relais, on me parle de la "plage" . Intrigant quand on sait la distance qui me sépare de la côte. Il s'agit du grand lac en bordure de ville, et qu'elle aubaine; sable/herbes, aménagements sportifs, douche, toilettes... Un véritable petit club de vacance public!

 

Vu l'endroit et vu l'état de mon pied droit je décide de rester une journée entière pour récupérer.

Je me rapproche bien vite de la petite communauté gitane qui est déjà là à mon arrivée. C'est très plaisant de ne pas avoir l'impression de devoir se justifier pour gagner la sympathie de quelqu'un, comme c'est malheureusement souvent le cas dans ma situation en Espagne. Un espace de courtoisie se créé et on passe par une bonne partie de la journée ensembles, on ris beaucoup autour d'interminables cafés.

 

Celui-ci, ça fait déjà longtemps qu'il ne bois plus de café et il est bien décidé à pousser ses blagues jusqu'à épuisement de l'audience. "Épouse ma sœur! Je te l'offre!", c'est vrai qu'on s'était particulièrement bien entendus et je lui ai visiblement tapé dans l'œil, mais j'ai un autre programme pour les prochains jours. "Ne pars pas demain! Restes avec nous!"...

 

Je vais me couché, demain j'ai une grosse journée qui m'attend. C'était vraiment bon d'avoir pu partagé comme ça.

 

Alors que je suis sur le point de m'endormir, je me fait porter un sandwichs par le frère qui n'est vraiment plus très stable sur ses appuis. Il me dit que c'est un cadeau de sa sœur. Un sandwich à la viande, ça tombe bien j'avais tout juste assez mangé !

 

A 4h45 le réveil est délicat... Mon ventre me fait très mal, c'est le foie. Tout est gonflé dans mon intérieur. Difficile de se lever, je considère un instant l'option de rester un peu plus, histoire de savoir de quoi il en retourne.

 

Alors je repense au sandwich. Je ne peux pas m'empêcher de penser qu'ils avaient vraiment très envie que je reste encore un peu. Il faudra se faire un peu violence alors parce que je n'ai plus envie de rester. Je prend la route vers 5h30 et je ne m'arrête pas, je roule pendant des heures pour faire sortir se mal de moi, je le transpirerais, je le pleurerais! A la mi-journée la douleur à fini par disparaître et je peux à nouveau me plier en deux.

 

Après réflexion, je ne crois pas que cette intoxication ait été intentionnelle. Je revois la grande boîte de polystyrène qui servait de frigo en plein cagnard pendant l'après-midi, la viande que l'on m'a donné n'avait pas été recuite quand on me l'a donné. J'imagine que la prochaine fois je serais plus costaud.

 

Ce jour là j'aurais parcouru 80km, l'une de mes plus belle distance en compagnie de la fidèle Mysty. Comme quoi, l'inconfort à du bon parfois.

 

Je ne suis plus très loin de Tarifa.

 

 


Spain - Un nouveau depart

Intro


Le départ et une première partie de la traversée de l'Espagne à roller. De Marid à Cordoba.

 

Pour rappel il s'agit d'un voyage à roller en autonomie de 5000km entre Madrid et Dakar. Matériel vidéo, outils, vêtements, nourritures, eau... Tout est transporté dans une charrette et ravitaillé au fil de la traversée qui prendra plusieurs mois.

 

Le budget logement etant volontairement inexistant, la grande majorité du temps je passe mes nuits a la belle étoile. Couchsurfing et Warmshower sont toutefois des outils autorisés et sont des aident supplémentaire pour faire des rencontres et ainsi découvrir différement les différentes régions traversées. (Et si en plus je peux prendre un douche, c'est le top!)

De retour sur la route


Apres les modifications apportee a la fidéle "charrette de voyage a roller"; Misty devient à présent Mysty. Bon, elle ne passe toujours pas les portes mais maintenant elle ferme, est ornée de nouvelles poignets et marmonne un semblant d'aérodynamisme.

 

Salopards

Controle technique passé haut la main, on prendra le bus tout les deux en amoureux en direction de Madrid la nuit du 20 au 21 aout. A noté la petit frayeur au moment du chargement, il à presque fallu se fâcher avec les conducteurs pour qu'ils me laissent charger. Il faut dire que ce genre de bagage n'est pas des plus courant... En tout cas ils ne ferons pas d'argent de poche cette fois-ci.

 

Vamanos!

A l'arrivée a Madrid j'ai l'honneur d'être acceuilli par monsieur le consul. Notre entrevue avant le grand départ reléve plus de la rencontre de deux voyageurs  passionnés que de quoi que se soit d'officiel, un très bon souvenir.

Au moment du départ, évidement les premiers problême techniques se posent, il me faudra quelques heures pour tout régler et enfin pouvoir partir, mais qu'importe; le temps n'a déjà plus la même valeur depuis que je suis à nouveau en terre Iberique. J'attend ce moment depuis des mois, et même si l'idée parait paradoxale : je sais que je vais enfin pourvoir me reposer.

 

Papy et son smartphone

Comme pour la sortie de toute grande ville, celle de Madrid est un peu "challenging". Pas encore trop habitué à l'uitilisation du GPS, le mariage de la carte de la technologie moderne ne fait pas bon ménage. Mais encore une fois, ce n'est pas bien important, cette première partie de voyage est justement là pour ce genre de mise au point.

 

Pour le moment

Toujours dans la recherche d'un certain équilibre entre distance quotidienne et usure physique, les premiers jours se passent vraiment bien. L'impression de beaucoup moins subir se fait resentir très nettement, ca fait maintenant 2 ans que je n'avais pas vraiment pris la route et c'est une très bonne surprise.

A mon sens cette amélioration globale de niveau de bien-être est liée à plusieurs facteurs:

  1. L'amélioration de la charrette et du materiel de roller dont Powerslide me fait profiter.
  2. L'amélioration du confort des nuits grâce à du matériel de camping plus adapté.
  3. Un itineraire plus facile que celui de la côte Est espagnole à la merci des vents et du dénivelé instable.
  4. Et puis j'ai aussi arrêté de fumer... C'est donc presque de la triche maintenant !

Les autres et puis moi


La famille qu'on ne choisi pas

Un vrai coup de bol, le soir oú je débarque à Ciudad Real je me laisse entendre dire qu'une compétition de roller aura lieu le lendemain dans la ville. C'est l'opportunité à mon avis de rencontrer des patineurs Espagnols et de faire parler du projet !

J'ai l'occasion de faire connaissance avec des passionnés très anthousiastes qui me proposent parfois des points de chuttes à la maison. Ca sera pour une prochaine fois, c'est beaucoup trop loin de ma route mais l'intention suffit à bien réchauffer mon coeur.

L'heure étant à la course, Mysty n'attire pas plus d'interêt que ca chez les patineurs, mais retient l'attention de la petite équipe de télé locale qui est là pour couvrir l'évenement :

"Ostia, pero que es eso ?!"

Oui, même si Gaïa ne fait plus partit de l'équipage, l'attelage dans son ensemble n'est pas des plus commun, je le concois. Alors, oui, je me met à la place des gens. Et oui, je dois bien admettre que si je ne me connaissais pas, moi aussi je trouverais ca bizarre... Etrange... Suspect... "Vous vendez-quoi monsieur ?"

Quoi qu'il en soit, il n'est pas evident de se faire de vrais copains quand on voyage de cette manière, c'est certain. On ne trouve réel soutient et confiance que dans les personnes eyant eux même de la bouteille dans le domaine, les autres sont le plus souvent dominés par la peur. C'est dommage, surtout pour moi.

 

La famille de coeur

Je fais une fois du couchsurfing pendant la traversée de l'Espagne, je suis acceuilli chez Manu à Fuencaliente, juste après Cordoba. C'est tout d'abord un vrai plaisir de rencontrer quelqu'un d'aussi amical, le deuxième truc extraordinaire c'est la douche, pour sûr ! Et je dirais qu'en troisième c'est la famille de Manu.

Chez l'un où chez l'autre, les membres qui la compose passe la plupart de leur temps libre ensemble. C'est le cas durant ce weekend detente que je passe en leur compagnie. Tous groupés à l'abris du soleil de plomb d'Andalusie, les après-midi se passe doucement, rythmées par les douces vagues de delicieux mets (olives, amandes, saucissons, miel, melon...) récoltés et preparés en famille, pour la famille.

Même si chaque lignée porte sa propre histoire, celle qui fait d'elle une entité unique, ce modèle est encore commun en Andalousie, et je trouve ca très beau.

 

La zone de confort

Avec Mysty comme dans un grand sac à dos, la régle d'or dans ces premiers temps de reprise c'est que le truc que tu cherches se trouve automatiquement tout au fond...
Ce genre de passe est aussi c'est bien entendu 1000% à ranger dans la case "réadaptation". Il est important de mettre à nouveau en place une routine de rangement, rien de bien sorcier. En dehors de ca et des ampoules, encore une fois, c'est avec grande surprise que je deroule la carte relativement facilement comparé aux souvenir des souffrances que je puisse avoir des aventures précedentes.

Je me sens donc bien dans la désignation qui avait été donné à cette première partie espagnole : un bon gros échauffement bien costaud.


La fin du début 2

Intro


Le début de quelque chose marque souvent la fin d'une autre, tout comme la fin d'une chose laisse de la place pour un nouveau début.

 

Pas toujours évident de se préparer à un "Grand Voyage". La mise en place d'une aventure est pour ainsi dire une aventure à part entière; elle porte aussi son lot d’embûches et d'imprévus autant que de découvertes magiques et de rencontres.

 

Toutefois, dans ces difficultés et poésies casiment obligatoires, règne un ordre souverain, presque une fatalité, joyeuse et sereine. La certitude d'être exactement à l'endroit où on doit être et d'y être exactement au bon moment. C'est certainement ça la plus belle recompense.

La collecte de rollers pour le Sénégal


Oui, un gros morceau cette collecte de matériel de roller pour le Sénégal. Vu les délais...

C'était sans compter sur l'implication forte et sincère de beaucoup d'anonymes de l'univers roller et d'ailleurs :

En quelques mois le volume du matériel récupéré n'a cessé de croître de façon exponentiel pour atteindre une estimation de 300 paires de rollers, en plus des roues et protections.

Un volume qui nous permet dors et déjà d'imaginer une action suivante !

Pour cette année nous envoyons 138 paires avec leur lot de protection (coude, genoux, poignet, casque), des roues, roulements, chassis et chaussons de rechange. C'est la quantité établie suffisante pour :

 

1 - Le cœur de l'action : Apprendre le roller aux enfants de 4 structures humanitaires à Dakar avec l'association Accro Roller.

2- Porter du matériel à certains des clubs de rollers les plus isolés du Sénégal.

3- Soutenir la fédération avec des pièces de rechange.

 

L'objectif du  financement participatif a été atteint il y a quelques jours ! 4000€ réunis par de belles âmes pour la bonne cause avant même la fin du compte à rebours. C'est un grand soulagement pour tous les acteurs de ce projet. Ces moyens nous permette de concrétiser cette action qui n'était qu'au stade de belle idée il y à encore quelque mois. C'est très gratifiant, merci infiniment.

 

Pour l'heure plus de 3,2 mètres cubes et 500 kilos de matériel sont déjà en mode hibernation jusqu'à début 2019. Au moment venu, alors que le voyage touchera à sa fin (1 mois avant environ), les cartons seront expédiés pour coïncider avec l'arrivée à Dakar.

Le Grand Voyage


Bien que le rêve d'une expérience qui y ressemble est née il y a bien longtemps; l'idée concrète du projet de voyage n'est pas très vielle non plus.

 

Cool stress

Plus le départ approche plus la pression se fait ressentir. Le temps se raccourci et donne la sensation d'être dans une pièce dont la surface diminuerait progressivement, laissant de moins en moins de possibilité d'action...

 

Cette sensation désagréable ne doit toutefois pas se poser comme une fatalité, alors l'option de regarder par la fenêtre se propose naturellement et la sensation d'enfermement n'est plus.

 

Comme une plume

Comme toute aventure en bonne et due forme, le passage par la case équipement est d'actualité. Ici pas de liste exhaustive des choses qui se sont lentement accumulées sur les lames de ce plancher, ça serait trop long. Ces choses sont toutes bien entendu incontournables, nécessaires, de la plus haute importance, que dis-je : vitales...

 

Bref, l'idée de voyager léger à été, de nouveau, et définitivement abandonnée.

 

Mon jet privé

L'étude de la nouvelle charrette de voyage est toujours en cours et se trouve entre de très bonnes mains (cycobore.fr). Un premier prototype très prometteur à d'ailleurs vu le jours il y a peu.

Néanmoins ce n'est pas pour cette année qu'elle prendra la route. Les délais sont trop court et ça serait vraiment dommage d'aller trop vite sur ce genre de réalisation. Elle sera très certainement prête pour le voyage suivant.

 

L'idée est donc d'aller retrouver Misty là où elle dors depuis plus d'un an ! Stockée prêt de la cote, le sel aura déjà fait son chemin sur les quelques pièces métalliques qui dépassent de l'imposante caisse de bambou. En plus d'une révision complète du système de freinage et de la voile, trois améliorations notables devrons être apportés avant le nouveau départ :

 

1- Retravailler l’aérodynamisme.

2- Ajouter un couvercle/support du panneau solaire.

3- Installer un moteur de fusée pour aller plus vite.


Charrette en bambou

Aperçu


Baptisée Misty, c'est le second modèle de charrette de voyage à roller longue distance elle a fait ses preuves sur plus de 1500km l'ors du Spanish Trip. C'est certainement un nouveau modèle qui sera utilisé dans le prochain voyage.

 

BambouBambou : Ce matériau extraordinaire promet à la fois une structure souple, légère et solide.

 

FreinsFreins : La charrette est équipée d'un frein par roue pour plus de confort et de maniabilité.

 

VoileVoile : La voile fait 2 mètres, elle a été ajoutée en cours de route lors du dernier voyage.

 

Laydown  Sur le ventre : Le guidon et le frein à l'avant permettent de conduire la charrette pour les courtes descentes sans avoir à chausser les rollers.

 

WaterproofWaterproof : Une toile cirée s'adapte sur la structure et la rend complétement imperméable.

 

PharesPhares : Pour la sécurité, des lumières LED se trouvent dans deux phares arrières et un plus gros, à l'avant.

Une nouvelle façon de voyager

La structure


Tout est en bambou sauf les roues et les fourches. Les tubes de bambou sont liés entre eux grâce à de solides jonctions faites en fibres de lin et de résine epoxy. Un effet brillant est obtenu après ponçage et une bonne couche de vernis.

 

Un remerciement très spécial à l'excellent soudeur et ami, Thierry Dumont. Son aide m'est encore très précieuse aujourd'hui. Un grand merci également aux Talentueux de chez Inbo' pour avoir partagé leur savoir faire et soutenu le projet.

Les freins


Un sacré avantage pour des descentes de cols ou même de manière générale pour retenir tout le poids de l'équipement.

Ce gadget est d'une importance majeure dans le confort et la sécurité du voyage. 

Dans la pratique il faut savoir doser habilement la pression sur chaque manette pour ne pas trop dévier la trajectoire de la charrette dans les lignes droites. Dans les courbes, le frein à double commande s'avère être un vrai atout pour l'équilibrer.

Souple, légère et solide à la fois

La voile


Elle n'était pas prévue dans les plans d'origine.

 

C'est sur la route, confronté aux bourrasques de la côte qu'elle fût imaginée. Elle a été bidouillée avec une vieille voile offerte par le club nautique de Benidorm, des tubes récupérés et de la vieille chambre à air. Elle s'est avérée très utile dans certaines situations. Toutefois il y a un certain nombre de paramètres à respecter pour qu'elle fonctionne à son plein potentiel et sans risque.

Sur le ventre


Comme il est primordial d'apprendre de ses erreurs...

 

Dans les montagnes du Chiriqui au Panama, lors du premier voyage, j'ai fait une mauvaise chute... Quel manque de préparation !

L'avant de la charrette est maintenant équipé d'un frein et d'un guidon. Dans les zones très vallonnées, les montées sont trop abruptes pour patiner, il faut pousser en marchant. Je dois donc enlever mes patins. Pour la descente,  il me suffit de m'allonger sur la charrette et de profiter du paysage.

Pour les très longues distances à roller

Waterproof


En voyage et lorsque l'on campe dehors, il est important de pouvoir garder tout son matériel au sec.

Le coffre est aussi imperméable que résistant.

Les phares


Parfois, pour des raisons climatiques ou à cause d'une mauvaise gestion du timing, il est nécessaire de voyager la nuit.

 

 

En guise de phares, trois ampoules LED sur un circuit simple. Elles sont reliées entre elles, puis à une petite batterie rachargeable. Cette dernière est située sous la charrette, dans un grand tube d'aspirine qui la garde au sec.